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English Famille de François Mélone et Eglantine (Girard)
  Origine du nom Melone

Albert Serre et Juliette (Drabin)
Henri Méry et Bénilde (Borelli)
Fernand Eude et Denise (Martin)

Les pages qui suivent sont centrées sur la famille de François Mélone et Eglantine née Girard : leurs ascendants, descendants et collatéraux de manière à ce que les intéressés y retrouvent les liens, les personnes, les prénoms, les années, les générations, etc.

Pour le moment, y figurent des noms et des dates (naissance et décès) ; des évènements relatifs à la vie de quelques personnes commencent à s'y ajouter ("fiches individuelles"), de même que des adresses de messagerie ; dans un temps ultérieur, des photos pourront compléter l'ensemble.

Ces informations sont disponibles grâce à divers documents :
- 2 x 2 pages manuscrites (2 documents semblables de 2 pages) de tante Joséphine intitulées "Mes Mémoires",
- 1 demi-page hâtivement griffonnée par Gérard vers 1980 sous la dictée de tantine Numancia interrogée sur les cousins du Vaucluse et les Esclangon,
- 8 fiches de Nathalie relatives à des membres de la famille,
- les très nombreux documents résultant des recherches de Jean-Marc,
- la révision et les compléments de Jacky, Mauricette et Henri.
Merci à tous !
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Les pages Web qui suivent présentent 2 colonnes :
  une colonne de gauche relative aux parents / une colonne de droite relative aux enfants et leurs éventuels conjoints,
 (dans la colonne de droite devant un enfant, peut être trouvé un prénom pour indiquer un parent différent -séparé-),
 devant un prénom, peuvent figurer une icône de personne fiche individuelle ou une icône de courrier e-mail.
Les parties soulignées ou encadrées sur lesquelles le curseur se transforme en une main donnent accès à une autre page Web (il s'agit de "liens hypertextes") :
 les liens de la colonne de gauche (1 lien par parent) donnent accès aux ascendants (la génération précédente),
 les liens de la colonne de droite (1 lien pour le couple enfant-conjoint) donnent accès au couple et ses descendants (la génération suivante),
 (un autre lien sur un prénom devant un enfant donne accès à ce parent "tiers" -séparé-),
 un autre lien sur une icône de personne fiche individuelle devant un prénom permet d'accéder à une fiche individuelle, un autre lien sur une icône de courrier e-mail devant un prénom permet de prendre connaissance de l'adresse de messagerie et d'expédier un message.
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Une personne donnée peut être trouvée à 6 endroits :
- en tant qu'enfant,
- en tant que parent,
- dans 3 listes relatives à la famille :
--- membres de la famille par génération,
--- membres de la famille par mois et jour de naissance,
--- membres de la famille par prénom,
- enfin, dans la liste des noms de toutes les familles de ce site.
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Début page     Ce document est à nous tous : un grand merci pour vos remarques qui permettront de l'améliorer ...
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Famille de François Mélone & Eglantine Girard
(rédigé par Gérard le 12 mars 2022)

Les informations ci-après me viennent de 2 documents A4 intitulés "Mes mémoires", écrits par Joséphine Mélone/Lambert (sœur de François), d'interviews de Numancia Girard/Raffier (sœur d'Eglantine), de quelques fiches de Nathalie, de nombreuses recherches de Jean-Marc, révisés par Jacky et Henri, et de souvenirs de propos entendus à droite et à gauche de membres de la famille.
François, Eglantine, Jacky, Mauricette, Philippe et moi sommes allés dans la région familiale en 1962 ou 63 en Italie ; François et Jacky sont allés à la mairie pour y rechercher la trace de membres de la famille.
Dans les années 199x, j'ai "construit" un site Internet sur le sujet et j'ai effectué des recherches sur tous les Melone, Melon, Meloni, Malone, Malon, Lomiento... que je pouvais trouver aux USA, en Italie et en France mais j'ai vite été découragé car ce sont des milliers et des milliers de sites web, de photos, d'adresses, de numéros de téléphone que j'avais collectés ; je me suis inscrit à quelques forums spécialisés dans les familles ciblées ; j'ai lu et échangé avec des groupes d'Américains préparant un voyage à Sesto Campano ; j'ai correspondu avec un Américain de mon âge que j'appelais "cousin" qui avait des informations semblables aux miennes sur sa famille ; j'ai été en contact avec une professionnelle très réputée aux USA pour ses recherches généalogiques à la télé -nous étions en relation pour des histoires de sécurité informatique- Jane Ellen Martin alias "Calamity Jane" alias CJ alias "Janie" ; Janie a proposé de m'aider dans mes recherches de la famille américaine mais j'ai décliné son offre car -comme dit- mon enthousiasme était retombé dû aux dizaines de milliers de contacts -hélas, Janie est maintenant décédée- ; des Américains m'ont dit que ce nom était aussi courant aux US que Smith, et pire en Italie.

Famille Mélone -
Notre famille vient de l'Italie du sud.
* Le père de François, Antonio, né en 1854, a quitté le village de Sesto Campano, près de Campo Basso, dans la province d'Isernia, région du Molise, à une dizaine de kilomètres du site historique de Monte Cassino (rudes batailles durant WWII), au sud-est de Rome, vers 1870 à l'âge de 17 ans. Antonio était orphelin (je n'ai jamais su comment) et avait une jeune sœur dont il s'occupait.
C'est toute la famille, cousins, cousines, oncles et tantes, qui a quitté Sesto Campano sans doute pour raisons économiques. La famille avait le dessein de rejoindre les Etats-Unis d'Amérique pour une vie meilleure. La famille n'ayant pas les finances nécessaires, la stratégie était de s'arrêter en France, d'y travailler et résider quelques années ou décennies avant de poursuivre le voyage.
La famille a ainsi rejoint La Valette du Var, près de Toulon.
La famille Melone n'était pas la seule famille italienne à avoir ce projet.
* La mère de François, Maria Concetta Lomiento, née le 8 décembre 1864, a quitté le village de Satriano di Lucania, dans la province de Potenza, région du Basilicate, au sud de Naples, dans les années 187x... toute la famille... projet de rejoindre les Etats-Unis d'Amérique... halte à Toulon...
Maria-Concetta avait une sœur Carmella et un frère, Joseph.
* La vie était difficile (la vie était très difficile pour tous les Italiens qui étaient très mal considérés en France : voleurs, sales, etc. à la fin du 19ème siècle, il y a eu des tueries d'Italiens avec la complicité des autorités (voir le massacre des 16 et 17 août 1893 à Aigues-Mortes, Gard).
Antonio travaillait comme bûcheron, Maria Concetta travaillait comme aide soignante.
Suite à un accident de travail, Antonio a eu à aller à l'hôpital où il a rencontré Maria Concetta.
Plus que rencontré ! Lorsqu'il s'est agi de continuer le voyage, Antonio (et sa petite sœur) et Maria Concetta ont choisi de rester en France et de laisser les 2 familles continuer sans eux (les 2 familles sont parties ensemble).
Une première fille (mort-née) est arrivée le 26 avril 1887. De nombreux enfants sont nés (mais beaucoup -4- n'ont pas vécu) : Marie "Joséphine" le 18 avril 1889, François "Louis" le 2 juin 1897, Paul le 25 janvier 1900 et François le 24 avril 1905.
Il faut dire que la vie était si difficile qu'Antonio et Maria Concetta sont retournés quelque temps en Italie avant de revenir se fixer à La Valette du Var.
Il faut dire que la mère de Maria Concetta, est revenue plusieurs fois en France à l’occasion de naissances. Il faut dire qu'il y a eu des échanges de lettres entre les Toulonnais et les Américains, notamment à Noël, au Nouvel An mais les échanges se sont espacés et ont cessé.
Il faut dire que Paul, scaphandrier à Toulon, est mort lors d'un accident de plongée le 16 décembre 1931, à l'âge de 31 ans.
Antonio est mort le 13 juillet 1908 à l'âge de 54 ans, Maria Concetta est morte le 15 janvier 1944 à 80 ans et a connu tous les enfants de François et Eglantine, sauf moi.
* François est né à Toulon le 24 avril 1905. Il a perdu son père à l'âge de 3 ans. Pour une raison que j'ignore, François a passé quelque temps de son enfance en Italie, loin de maman (et papa) ; il parlait parfois de Madame de Montejo ou Montijo - bizarre car ce sont plutôt des noms espagnols... ou une femme de Napoléon 3), apparemment une personne riche si j'en crois le grand respect de François...
François n'a pas dû rester longtemps en Italie car il n'a pas appris la langue. Il a été apprenti à l'arsenal de Toulon puis s'est dirigé vers une carrière militaire ; Il s'est appliqué pour acquérir de solides connaissances et se préparer un avenir meilleur.

Famille Girard -
Les parents d'Eglantine Girard étaient originaires du département des Basses-Alpes : Reillanne, Céreste ou le Vaucluse pour Ernest, Valensole pour Berthe Arnoux.
Plein de membres de la famille Girard dans diverses fermes de Reillanne ou des environs.
Ernest n'a jamais été agriculteur, il était maréchal-ferrant à Reillanne mais avait l'intention de devenir gendarme.
* Eglantine est née à Reillanne le 11 mai 1907 et avait donc 7 ans au début de la guerre de 14... papa n'a donc pas été là lors d'une bonne partie de son enfance (de 7 à 11 ans).
Au fait, c'est en 14 qu'Ernest a passé un concours pour devenir gendarme et ce n'est qu'après la mobilisation qu'il a appris qu'il était reçu !
Ernest était plutôt strict avec ses 2 filles et son fils, obligeant les enfants désobéissants à passer sous le ventre des chevaux.
Eglantine a travaillé quelque temps à l'école Saint Charles de Manosque.
Berthe est morte le 13 avril 1958 à 75 ans, Ernest, le 14 mars 1961 à 81 ans.

Eglantine, François et famille Mélone -
C'est au mariage de Louis Mélone et Berthe Laurens à Valensole qu'Eglantine Girard et François Mélone se sont rencontrés.
Louis était le frère de François, Berthe était une cousine d'Eglantine. Eglantine a été invitée au dernier moment car la cavalière de François n'a pas pu s'y rendre.
François était habillé en militaire...
Ce n'est pas d'un bon œil qu'Ernest Girard et Berthe Arnoux ont vu la fréquentation de leur fille.
Eglantine était plutôt destinée à un des fermiers de la région de Reillanne, François était de Toulon et donc, à coup sûr un mauvais garçon !
Reillanne était le berceau de la famille Girard... François a été très impressionné lorsqu'il est finalement allé dans la famille car il entendait parler des Girard de Fonclavière, ou autres Girard de telle ou telle campagne, si bien que François pensait arriver dans une famille noble !
Je ne sais plus quand Eglantine et François se sont rencontrés puis mariés.
Après leur mariage, le couple est allé à Saint-Maixent-L’école dans les Deux-Sèvres pour une formation de sous-officier. J'ai aussi dans les oreilles, le nom de Coëtquidan dans le Morbihan... était-ce après ou avant St-Maixent, toujours est-il qu'actuellement Coëtquidan appartient à l'école d'officiers de St Cyr ; François n'a pas fait St Cyr mais toujours est-il qu'il est devenu officier de l'armée coloniale française (Infanterie de marine).
Le couple et la famille ont eu à changer souvent de résidence de par le métier de François ; on le voit un peu avec le lieu de naissance des enfants :
- Jacky né le 27 juillet 1931 à Reillanne
- Henri né le 9 janvier 1934 à Médenine, Tunisie
- Jean-Pol né le 18 décembre 1937 à Saint-Louis, Sénégal
- France née le 16 septembre 1939 à Reillanne
- Bernard né le 10 août 1942 à Dakar, Sénégal
- Gérard né le 7 mai 1947 à Reillanne
A ces lieux, il convient d’ajouter au moins, la Lybie, l’Egypte, le Liban et quelques autres pays du Moyen Orient où François est allé, sans la famille, entre 1942 et 1946.
Ainsi donc, les diverses affectations de François et le statut d'officier -jusqu'à capitaine- de l'infanterie coloniale française, ont permis un bon statut social à la famille.
La seconde guerre mondiale a amené la séparation de la famille de 1942 (rapatriement de Dakar) à 1946 (retraite de François) et la vie a été difficile :
- Jacky, collégien au Prytanée militaire à La flèche puis à Briançon
- Henri, collégien au Prytanée militaire à La flèche puis à Briançon
- Jean-Pol, France et Bernard, écoliers à Reillanne
Pour différentes raisons (aucune nouvelle durant plusieurs années, désaccords politiques avec la population sénégalaise, désaccords avec la hiérarchie, etc.), François a quitté l'armée en 1946 et n'a pas gardé beaucoup de contacts avec l'armée si bien qu'il est resté au grade de capitaine, quand ses camarades sont devenus commandants ou colonels, même à la retraite.
Les temps ont été plutôt difficiles après la retraite de l'armée (famille de 6 enfants) et François a fait divers métiers : éleveur de vers à soie, secrétaire de mairie de Reillanne...
Gros problème avec ce dernier métier puisqu'il est interdit à un militaire retraité d'exercer un métier dans l'administration et que le sénateur Raoul Anglès (je ne le vois que député à 2 mandats de la 3ème république et conseiller général des BA, mais bon il m’a toujours été désigné comme sénateur) a dénoncé la chose... François a été amené à rembourser de fortes sommes d'argent qui l'ont obligé à devenir professeur dans une école privée de Marseille (Bernard y a été élève).
François a continué à exercer un métier de secrétaire de mairie d'Oppedette, mais au nom d'Eglantine.
En 1955, avec une maison à payer, François est devenu agent de sécurité à l'usine Péchiney de Saint Aubain sur Durance et la famille y a déménagé en début 1956 (Jacky et Henri étaient mariés, Jean-Pol était étudiant à la faculté des sciences de Marseille, France était lycéenne à Digne, puis à Vizille, Bernard était lycéen à Digne puis à L'Isle-sur-Sorgue, Gérard était à l'école primaire à St Auban, puis lycéen à Digne).
A cette époque, Jacky, qui avait été officier parachutiste à Pau-Tarbes, puis VRP Solfin, a été appelé à la guerre d'Algérie et Maury a pris la suite du métier de VRP, basée à St Auban avec son fils Philippe.
Eglantine et François ont pu trouver une relative stabilité dans leur vie sociale avec quelques 15 années à Saint Auban, petite ville par rapport au village de Reillanne, jusqu'à la deuxième retraite de François vers 1970 et le retour à Reillanne.
Eglantine et François ont eu une vie bien remplie avec 6 enfants, bien mouvementée avec une période faste (officier de l'armée française) pendant environ 11 ans, une période bien difficile de 1950 à 1956, une période plus favorable de 1956 à 1970 (14 ans), puis des ennuis de santé avec l'âge à partir de 1970-75 pendant 5 à 10 ans pour François, pendant environ 15 ans à Reillanne et 5 ans dans une maison de retraite à Manosque pour Eglantine.
François est mort le 8 octobre 1980 à 75 ans et Eglantine, le 26 février 1991 à 84 ans.

(propos échangés avec Clémentine en mars 2022 sur FaceBook)
Jean-Pol…
* lorsqu'il a tendu une ficelle pour faire tomber ses camarades la nuit dans le dortoir de son pensionnat et qu'il a fait tomber le veilleur de nuit
* lorsqu'il s'est retrouvé seul à chanter "en promenade" (sortie des pensionnaires) "J'emmerde les gendarmes et la maréchaussée" alors que des gendarmes étaient à proximité
* lorsque, pour chasser une guêpe, alors qu'il coupait des lavandins au "Caï", il s'est planté la faucille dans le doigt
* un Stetson (chapeau de cow-boy) qu'il portait fréquemment, par exemple en coupant les lavandins
* lorsque j'ai reçu une gifle (je n'ai jamais compris pourquoi) la première fois que ta grand mère est venue chez nous et que j'ai dit : "mais tu disais que tu ne te marierais jamais"
* lorsqu'il m'amenait faire des relevés géographiques dans la région de St Auban sur son "Moby-scooter"
* le Moby-scooter qu'il utilisait pour ses trajets Marseille-Saint Auban, avant d'acheter une 2CV Citroën (j'ai oublié le nom que Jacqueline et Jean-Pol donnaient à cette voiture - ça va me revenir...)
* lorsqu'il a eu l'appendicite (étudiant à Marseille mais il connaissait déjà Jacqueline)... je ne sais pas trop pourquoi Jacky et moi sommes allés chercher la 2CV à Marseille pour la ramener à Reillanne et Jacky (qui aimait les voitures assez puissantes) était plutôt "sur sa faim" avec la lenteur de la voiture et, à un moment, en descente, Jacky m'a dit "regarde, j'arrive même à faire un excès de vitesse"
* lorsque la 2CV était garée à Reillanne pendant plusieurs mois (je pense que Jean-Pol avait des examens et devait ne se concentrer que sur les révisions des exams à venir) et que moi, à environ 9 ans, je trouvais amusant de klaxonner... et j'ai complètement vidé la batterie...
* etc.
* les parties de tennis à Saint Auban avec ses copains étudiants
* ses copains d'enfance de Reillanne (famille habitant Marseille) et ils se parlaient latin (du moins ils se disaient ave lorsqu'ils se rencontraient).

rectificatifs...
* ce n'est pas dans le doigt mais dans la main qu'il s'est planté la faucille ; dos ou paume, je ne me souviens plus mais ça saignait bien.
* j'ai parlé d'un stetson mais c'était un chapeau de couleur vert kaki et tout mou (sans belle forme) qui, en fait, ressemblait plutôt à un cork hat australien mais sans les ficelles ni les bouchons
* lorsqu'il a eu l'appendicite, ce sont les parents de Jacqueline (Léon-"Séon" et Jeanne Savinas) qui se sont occupés de lui...
* pas moyen de retrouver le nom de la 2CV ! Sophie ? Jean-Pol avait cette voiture alors que Jacqueline et lui étaient fiancés : ils l'ont gardée après le mariage, sans doute lorsqu'ils habitaient Arles où Chantal est née.
Peut-être que je fais erreur mais ils ont gardé cette 2CV longtemps et il me semble que la voiture qui a suivi était une R16.
Si vous évoquez ces anecdotes avec Jean-Pol, sans doute rira-t-il à ces souvenirs... si Jacqueline pouvait rire aussi !!!

Maintenant, je voudrais encourager Jean-Pol à retrouver ses souvenirs et à rédiger dans son livre, des parties de sa vie et de celle de ses parents...
Lorsque je suis né, ma mère avait 40 ans et mon père 42+1 mois, Jean-Pol 10 ans-7 mois... ceci pour dire qu'il y a la moitié de la vie de mes parents que je n'ai pas connue.
Je suis né à Reillanne, après la guerre et donc, après le rapatriement de la famille qui avait quitté le Sénégal.
Jean-Pol avait 5 ans lorsque la famille a quitté le Sénégal et il se souvient sans doute un peu de sa vie là-bas, ci-dessous quelques bribes à développer :
* Jean-Pol est né à Saint Louis du Sénégal qui était alors la capitale du Sénégal et de l'AOF, colonies françaises de l'ouest de l'Afrique. La famille vivait à Ouakam qui était alors la base militaire.
* la vie de la famille devait être aisée en tant que famille d'officier de la coloniale.
Probablement des réceptions avec les autres officiers et leur famille. Mes parents avaient du personnel pour s'occuper de la maison : un ou plusieurs cuisiniers/cuisinières, jardiniers, "ordonnances" pour s'occuper des enfants et notamment Diaga dont mes frères parlaient souvent
* la langue des ordonnances était apparemment le Bambara (qui n'est absolument pas la langue africaine parlée actuellement au Sénégal, ce serait plutôt le Woloff)
Lorsque j'étais enfant, les frères et soeur parlaient quelques mots de Bambara et ça nous faisait marrer car
--- "do lo" voulaient dire "du vin"
--- "d'jin" voulait dire de l'eau
--- si je me souviens bien, "m'ba" voulait dire merci. "Do lo ni d'jin di ma" était une de mes seules phrases (eh, je n'ai pas vécu au Sénégal, moi !)
* François aimait s'occuper du jardin, ou du moins, il indiquait aux ordonnances comment disposer les massifs (François s'occupait donc principalement des chemins et des bordures qui délimitaient les espaces)
* j'ai le souvenir d'une photo d'Eglantine et François déguisés en personnages de la Commedia del'Arte : Colombine ou Arlequine et Arlequin ou Pierrot... pour moi, ce n'est qu'une photo mais Jean-Pol, lui, a vécu ce moment, en dirait-il plus ?
* Les familles françaises de militaires ont dû quitter le Sénégal en 1942 et la vie "dorée" s'est terminée brusquement : Eglantine a été rapatriée avec 5 enfants : Jacky avait 11 ans, Henri 8, Jean-Pol 5, France 3 et Bernard avait environ 3 mois... Eglantine a dû avoir du travail et des soucis après des années "à être servie". Aux 5 enfants, il faut ajouter tout le déménagement des meubles ou du moins, des affaires personnelles.
* le rapatriement s'est fait en bateau et a duré longtemps, en pleine période de guerre et Eglantine parlait de bateau qu'ils ont failli manquer, de bateaux bombardés par les alliés et notamment par l'armée anglaise (vous comprenez là pourquoi je n'aime pas trop les Anglais !)... Il faut dire qu'un des soucis des alliés était que les navires français ne tombent entre les mains de l'armée allemande - je ne sais pas trop qui commandait quoi chez les Français mais il y avait des partisans de Pétain et des partisans de de Gaulle, souvent en fonction des généraux qui commandaient
* A ce sujet (avant le rapatriement bien sûr), François avait eu maille à partir avec les jeunes sénégalais.
François et l'armée française du Sénégal étaient -à un certain moment pétainistes, et François avait un portrait du maréchal dans son bureau.
Lors d'un "défilé", le capitaine Mélone a été pris à partie et entouré par plein de jeunes Sénégalais hostiles à Pétain... François remerciait souvent "ses tirailleurs" qui étaient venus le sortir de ce mauvais pas (François avait dégainé son sabre ou son pistolet).
* Eglantine à Reillanne, François quelque part entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, les nouvelles étaient difficiles et rares... parfois les nouvelles étaient fausses et ma mère a eu des échos selon lesquels mon père avait été tué... les quelques nouvelles parvenaient souvent par le Vatican.
Eglantine est ainsi restée seule à Reillanne avec ses 5 enfants de fin 1942 à 1946.
* lorsque François a été démobilisé, il a dû aller quelques mois à Paris (où était l'Etat Major de l'armée).

Quelques autres éléments sur mon père et mes parents, qui me reviennent :
* François me parlait souvent de la beauté et de la richesse patrimoniale du nord de l'Afrique et du Moyen Orient.
Entre 1942-43 et 1946, François était donc par là (Egypte, Lybie, Palestine, Jordanie, Liban), avec son armée, il me parlait des pyramides d'Egypte et s'enthousiasmait du fait qu'on ne "passait pas une feuille de papier à cigarette entre les blocs" ; je pense qu'il exagérait un peu mais c'était bien ses mots... il me disait aussi qu'il pouvait se promener et trouvait plein de pierres qui étaient, en fait, des morceaux de statues ou de monuments, tout au long de ses balades !
François aimait l'histoire ancienne et les traces des civilisations qui ont vécu en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (berceau de la civilisation humaine).
* Jeanne-Luce, première femme d'Henri, qui était prof de Français-Latin-Grec (puis directrice d'école, puis censeur et proviseur de Janson de Sailly), me disait être impressionnée par la culture de François et la qualité de son Français (elle disait aussi être surprise par le bon Français des habitants des Basses Alpes=Alpes de Haute Provence).
* mes parents ont eu 6 enfants (plus une fille, plus jeune que moi, qui est morte en bas âge) et même à cette époque, élever 6 enfants, préparer leur avenir, n'était pas tâche facile...
... pas tâche facile en période de guerre
... Eglantine et François ont "tout fait" pour leurs enfants avec le souci de les aider à se faire "une place au soleil".
Oui ils ont beaucoup donné et je ne peux que leur dire -tardivement (mais j'ai pu le leur dire de leur vivant)- merci et félicitations !
Certes, il n'est pas toujours facile (pour moi) d'avoir 40 et 42 ans de différence entre enfant et parents... mais mes parents ont beaucoup donné du leur !

Quelques lignes supplémentaires :
* mes frères et soeur m'ont parlé des quelques années avant ma naissance.
Ca fait un peu image d'Epinal mais il y avait à Reillanne, à la fin de la 2ème guerre mondiale, un prisonnier allemand qui s'appelait Hans. Je ne sais pas s'il était au service de la mairie ou d'un particulier (une ferme, la forge...) ; d'après les échos, il était très gentil et fabriquait des jouets pour les enfants. Il est, bien sûr, reparti dans sa famille en Allemagne, après l'armistice.
* Saint Auban -
Comme je l'ai écrit quelque part, François, mon père, a été embauché à Saint Auban vers 1955 en tant que policier privé.
Saint Auban était une cité où logeaient les employés de l'usine de produits chimiques Péchiney (à l'époque).
Pendant quelques mois, François a fait le trajet St Auban->Reillanne (env.40 km) chaque fin de semaine pour rejoindre sa famille (Eglantine et moi - les autres étaient au pensionnat de Digne pour Bernard et France, à la fac de Marseille pour Jean-Pol, Jacky et Henri étaient mariés).
Après quelques mois, ce sont Eglantine et moi qui venions à St Auban le week-end où nous logions tous les 3 dans le studio de François.
François a ensuite obtenu un logement de 6 pièces et nous avons déménagé au début 1956 ; c'est en milieu de mon année de CM1 que j'ai changé d'école.
Certes, Eglantine avait vécu à plein d'endroits mais pas moi.
Reillanne : env.500 habitants.
St Auban : entre 3.000 et 5.000 habitants.
Grands changements !
Eglantine était contente : le principal magasin d'alimentation était un libre service (la "SAADA"), ce qui était nouveau à l'époque et en particulier pour nous, il y avait, chaque jour je crois, un marché couvert avec tous les commerçants nécessaires : bouchers, poissonniers, etc.
La ville était moderne et aérée (je veux dire qu'il y avait plein d'espace entre les maisons), avec des rues qui quadrillaient la ville et portaient des noms de chimistes (notre maison était au 25, rue Henri Sainte Claire Deville).
Ville construite par Péchiney pour ses employés, toutes les maisons étaient identiques sauf la nôtre qui avait une pièce de plus (c'était le logement d'une sage-femme -1 pièce pour ses consultations- et de mon instit) ; quand nous sommes arrivés, il y avait un changement : des terrains étaient vendus à ceux qui voulaient faire construire et il y avait donc des quartiers privatisés.
Immense changement pour moi : outre l'immense usine dédiée principalement au chlore, à l'aluminium et au PVC, parmi les 3.000 employés, il y avait une multitude de nationalités avec des Russes qui étaient apparentés à des Grecs, des Arméniens, etc. idéal pour les collectionneurs de timbres !
Avec ce nombre d'habitants, la vie sociale était riche pour Eglantine (qui était dans plusieurs associations), pour François, pour moi...
Cité ouvrière, la ville avait des sortes de "clubs" en fonction du niveau hiérarchique : l'"hôtel des ingénieurs", le "cerche des agents de maîtrise", etc.
Double coïncidence : un jour, quelqu'un a reconnu François : les 2 étaient apprentis à l'arsenal de Toulon lorsqu'ils étaient ados !... autre coïncidence, nous sommes devenus voisins... pour la petite histoire, Marthe, mon ex-femme, est, le 30 août 1966, venue (de La Seyne sur Mer) en convalescence chez son oncle, le voisin...
Arrivée à St Auban en 1956...
Jean-Pol, étudiant à la fac de Marseille, venait fréquemment avec son scooter (130 km). Jean-Pol jouait au tennis avec un groupe de copains, sur les terrains en terre battue et notamment, le fils du directeur (Jean Baraton si je me souviens bien). Il a aussi un peu joué au football dans l'équipe de l'USCASA. Jacqueline et Jean-Pol se sont mariès à St Auban me semble-t-il (restaurant "La belle étape" à Château Arnoux).
France était pensionnaire à Digne, puis dans une école à Vizille. Elle s'est mariée à St Auban avant de partir à Paris (Bd Pereire).
Bernard était pensionnaire à Digne, puis à L'Isle-sur-Sorgue, puis service militaire à Mont de Marsan, dans les Landes. Il a travaillé à St Auban en tant que dessinateur industriel.
Pour ma part, je suis allé à l'école primaire en fin d'année CM1, CM2, puis pensionnaire à Digne pendant 7 ans, puis étudiant à l'INSA de Lyon. J'ai fait de nombreux stages durant les étés, de 1963 à 1965 ou 66 ; je suis allé en colonie de vacances avec les fils d'employés de 36 usines Péchiney de France.
Il y avait une équipe de foot par quartier pour les enfants, une piscine, des terrains de tennis (terre, quick), des équipes de sport : foot (Jean-Pol, Bernard), basket, natation.
D'autres personnes qu'Eglantine, François, Jean-Pol, France, Bernard et Gérard ont habité quelque temps avec nous :
- Maury et Philippe y ont habité alors que Jacky était en Algérie (je ne m'en souvenais pas mais Philippe m'a dit être allé à l'école à St Auban)
- M. et Mme Stancato ont habité avec nous plusieurs mois (peut-être plusieurs années) : c'était des rapatriés d'Algérie et des amis d'Eglantine et François durant la période militaire
- M. et Mme Dix-Neuf ont aussi habité avec nous plusieurs mois : c'était des amis d'Eglantine et François durant la période militaire.
Eglantine et François y sont restés jusqu'en 1970 et sont donc restés 14 ans à Saint Auban avant de regagner Reillanne.


Clémentine Galice
Merci Gérard je fais passer ton récit à Papyloup à l'instant par email
Gérard Mélone
Merci à toi Clémentine !
Rappelle-lui qu'il a écrit un livre "Flammes créoles" (probablement pour un concours) lorsqu'il avait environ 19 ans, ce qui veut dire qu'il devrait se souvenir de son enfance à St Louis-Dakar-Ouakam.
Au Sénégal (ma famille a vécu dans ce pays de 1936-37 à 1942), il fait chaud pour avoir de l'eau fraiche, les gens suspendaient un récipient à une branche.
Ca ressemblait à une cruche mais avec un bouchon comme une gourde, c'était en terre cuite poreuse et recouvert de tissu ; le récipient était rempli d'eau puis trempé dans l'eau pour mouiller le tissu qui la recouvrait et les passants poussaient la cruche pour qu'elle se balance, ce qui causait un mouvement d'air permettant un certain refroidissement dû à l'évaporation de l'eau du tissu et de la terre cuite.
C'était les réfrigérateurs de l'époque !
Je ne sais pas s'il y faisait plus chaud que maintenant mais le port du casque colonial était absolument obligatoire, pour raison de vie ou de mort !!!
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