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Un Noël de tsar   (Ce texte s'inspire d'un dossier en page 20 dans "A nous Paris" du 6 janvier 2003)
Le Noël russe ne se fête pas le 24 décembre mais le 6 janvier, le nouvel an se fête le 13 janvier, calendrier julien oblige ! Quoi de mieux pour inaugurer l'année 2003, trois cents ans après la création de Saint-Pétersbourg, capitale culturelle de la "grande et sainte Russie", que de faire revivre des traditions endormies.
La complicité franco-russe saute aux yeux : le Transsibérien, le pont Alexandre III, les ballets russes scellent cette relation forte. Et la fête fait partie intégrante de l'imagerie d'Epinal qui caractérise l'âme slave. L'expression "faire la tournée des grands ducs" n'est-elle pas un héritage d'une époque où les grands ducs de la cour des tsars venaient faire la fête dans les meilleurs restos et cabarets de notre capitale ? Retrouver à Paris ce que pouvait être un Noël de tsar, c'est partir à la recherche du temps perdu et de traditions endormies. En effet, si les "russes blancs", premiers émigrés fuyant la révolution de 1917, ont conservé jalousement leur culture et leurs coutumes, un siècle de vie parisienne a peu à peu fait pâlir les couleurs de cette fête majeure. Pourtant, comme le souligne Macha Onoupchko, rédactrice en chef de Paris Kourier, le journal parisien en russe consacré à l'actualité de la communauté : "Les traditions, notamment celles liées aux grandes fêtes religieuses, interdites pendant toute la période communiste, reviennent peu à peu sur le devant de la scène. Les grands-mères ont continué, dans la mesure du possible, à les faire vivre sous le manteau. Ces fêtes, notamment celles de Noël qui commencait le 1er janvier et se poursuivait jusqu'au 19, étaient extrêmement ritualisées." Une visite dans l'une des huit églises orthodoxes russes à Paris s'imposait.

Une fête religieuse très orthodoxe
"Le Noël russe est la plus grande fête de l'année religieuse après Pâques, lance Madame de Tiesenhausen, mais c'est une fête très intime et familiale, "oyoutna" dirait-on en russe, très "cosy" pour les Anglais." Cette petite grand-mère au chignon blanc, sorte de babouchka de conte de fées, est l'une de ces dames distinguées issues de la première immigration qui accueillent les visiteurs à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski. C'est la plus mondaine des églises orthodoxes parisiennes et la seule qui soit ouverte au public en dehors des offices. C'est ici que Tourgueniev fut inhumé, que Picasso célébra ses premières noces. L'église, qui accueille deux groupes de paroissiens - dans la crypte pour les rites en français, dans l'église elle-même pour les rites en slavon - fait le plein de curieux et de fidèles venus admirer la richesse de ce rituel où la lumière des bougies et les vapeurs bleutées d'encens enveloppent les icônes et les plafonds richement dorés. Mais il n'y a pas de crèche dans le Noël orthodoxe, pas de sanctuaire du tout d'ailleurs : uniquement la beauté d'un lieu directement inspiré de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople. Les deux cérémonies qui se déroulent le 6 vers 18h30 et le 7 vers 10h30 demandent de l'endurance. Avant de s'embarquer pour l'aventure, il faut en effet savoir que, sauf âge extrême ou maladie, on reste debout ou agenouillé deux heures durant. Pour comprendre au mieux le déroulement des événements, il est conseillé de suivre la cérémonie en français, mais pour profiter des chants, préférez celle en slavon.

A table
Macha Onoupchko rappelle : "Noël était précédé d'un jeûne qui ne prenait fin qu'après la messe du 7. On ne devait pas manger le soir de Noël avant l'apparition de la première étoile. Juste un encas avant d'aller à la messe. Ce plat était composé de céréales arrosées de jus de pavot. Après la messe, on servait la koutia, c'est-à-dire le même plat mais enrichi de miel et de fruits secs. On servait également du poisson. Tous ces plats étaient arrosés de kvass, une boisson sans alcool faite à base de mie de pain et de fruits secs." Pour la veillée de ce Noël cosaque, inutile de se tourner vers les nombreux restaurants de la capitale, privilège est donné à la fête familiale, au repas à la maison. Les moins habiles auront recours au traiteur. Armé d'un livre de recettes russes, vous pourrez vous procurer les différents ingrédients traditionnels chez les traiteurs russes comme Au Régal ou aux Comestibles Ronalba. Pour le kvass, vous en trouverez parfois au magasin Ludmila pour des produits authentiques. Vous y trouverez également du "hareng molossol" congelé et des pelmeny, raviolis russes à la viande, qui pourront être servis le lendemain.
"Après la messe du 7 venait le gros repas, explique encore Macha. On recouvrait alors la table de paille pour commémorer la naissance du Christ dans une étable, avant d'y étendre une nappe blanche. Le gros repas se composait obligatoirement de 13 plats. Selon les régions, ces plats variaient. On y trouvait parfois du cochon de lait farci, des pieds de cochon en gelée. Ce repas marquait le début d'une période de fête placée sous le signe de l'offrande et du partage. Des personnes déguisées en rois mages, en âne ou en boeuf venaient frapper aux portes en chantant des koliadki - chants traditionnels de Noël -, on devait alors les recevoir et leur offrir des petits gâteaux fourrés au fromage blanc et aux fruits, ce qui était garant du bonheur de toute l'année." Si trouver ces sucreries à Paris relève du défi, on les remplacera avantageusement par des pirojki sucrés que l'on trouvera chez Ugo. Une messe, des plats de fête... Pour un Noël complet manque encore le Père Noël !

Un Père Noël qui ne passe pas... à Noël
Traditionnellement, le Père Noël, baptisé en russe "Ded'Moroz" (le papy froid), et sa petite fille de glace, passaient pour le Nouvel An russe le 13 janvier. On dressait également des sapins de Noël. Le régime communiste, qui ne put venir à bout de cette coutume ancestrale, instaura d'ailleurs pour le premier janvier, une fête de l'An nouveau, pour laquelle on dressait également l'arbre de Noël. Cette tradition de la nouvelle année est encore vivante aujourd'hui dans la communauté russe parisienne. On fête donc en grande pompe le réveillon du 13 janvier.
"Srojdestvom" (Joyeux Noël) !



Carnet d'adresses
- Alimentation (traiteurs, magasins, restaurants) :
--- Au Régal
4, rue Nicolo, Paris, 16e
M° La Muette ou Passy   Tél.: 01 4288 4915
--- Ludmila
10, rue Gramme, Paris, 15e
M° Cambronne   Tél.: 01 5845 2095
--- Comestibles Ronalba
58-60, rue du Fg-St-Denis, Paris, 10e
M° Strasbourg-St-Denis   Tél.: 01 4770 9838
--- Restaurant Matriochka
18, rue Frémicourt, Paris, 15e
M° Cambronne   Tél.: 01 4579 5159

- Eglises orthodoxes :
--- Eglise Saint-Serge
98, rue de Crimée, Paris, 19e
Tél.: 01 4201 9610
--- Cathédrale Saint-Alexandre-Nevski
12, rue Daru, Paris, 8e
Tél.: 01 4227 3734
Visites mardi, vendredi, dimanche 15-17h
  - Presse et Librairies :
--- Paris Kourier
--- Librairie du Globe
67, boulevard Beaumarchais, Paris, 3e
M° Chemin Vert   Tél.: 01 4277 3636

- Boutiques russes :
--- La boutique russe
2, rue Blaise-Desgoffe, Paris, 6e
M° Saint-Placide   Tél.: 01 4548 4714
--- Karas
4, rue du Pas-de-la-Mule, Paris, 4e
M° Chemin Vert   Tél.: 01 4278 4281
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